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LES DÉVOTIONS DE Mme DE BETHZAMOOTH


mâchoire d’âne. Cette mâchoire était certainement aussi dure et aussi pesante que celle du petit abbé Sabatier de Castres.

« Que Madame choisisse celle de ces histoires qui agréera davantage à sa dévotion, afin que pour nous préparer au combat, nous en fassions la lecture.

— Je ne me soucie d’aucune de ces histoires-là. Nous n’avons ni armée à combattre, ni lions, ni ours, ni géants, ni bâtards à tuer. Nous avons seulement à nous défendre du démon et il est dommage que nous n’ayons pas le foie d’un brochet. Nous ferions, comme le jeune Tobie, brûler le foie pour chasser le malin de la chambre. Demain je dirai à mon cuisinier de nous faire manger un bon brochet et d’en réserver le foie, qui dans l’occasion pourra nous servir. Au reste, au lieu d’histoire, lisons quelque cantique de la Bible.

— Un cantique ! s’écrie M. de Saint-Ognon. Que Madame fasse attention qu’un cantique est une chanson, et que nous ne devons pas chanter avant la victoire, à moins que ce ne soit le Cantique des cantiques, qui est tout mystérieux. Et j’ose dire que pour mettre le démon en fuite, il vaut pour le moins autant que le foie d’un brochet. — Vous avez