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LES DÉVOTIONS DE Mme DE BETHZAMOOTH


voyait pas l’ange : celui-ci avait par conséquent tort de menacer de le tuer.

M. de Saint-Ognon ne répond à aucune des réflexions de Mme de Bethzamooth, mais parcourant la sainte Bible, il lit un chapitre des rois. C’était celui où le Saint-Esprit parle du vieux David et de la jeune Abisag, qu’on mettait dans son lit pour le réchauffer.

À peine eut-il achevé cette lecture que notre dévote reprit la parole et dit : « Voilà, certes, une histoire qui, quelque édifiante qu’elle soit, me paraît fort singulière. Il est en vérité très plaisant de se servir d’une jeune fille pour réchauffer un vieillard. Cela n’est point honnête. Il eût été plus simple, ce me semble, d’échauffer le lit de David avec une bassinoire que d’y mettre une fille de quinze ans. »

À cette réflexion, M. de Saint-Ognon tourne les yeux vers le ciel, pousse un grand soupir, se lève brusquement et sort avec précipitation. Mme de Bethzamooth court après lui et veut savoir les motifs d’une pareille retraite.

— Je me croyais, dit-il d’une voix à demi étouffée, chez une femme dévote, je m’en faisais honneur et je me trouve chez une philosophe. Ce n’est pas là mon compte.