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LES DÉVOTIONS DE Mme DE BETHZAMOOTH


d’édification nous ne voulons pas scandaliser les gens de bien en disant ce qui n’est pas. Nous sommes, en conscience, obligés de raconter les faits comme ils sont arrivés. Nous n’oserions pourtant assurer que pendant le sommeil il ne se passa rien entre Mme de Bethzamooth et M. de Saint-Ognon. Quand on dort on fait souvent des choses qui après elles ne laissent aucune idée ; il n’est point, ni à l’abbaye aux bois, ni dans l’abbaye de Panthemont, de pensionnaire bien instruite qui ne sache que Loth, étant dans la caverne de Segor, dormit sans en rien savoir avec ses deux filles, et que, sans le sentir, il fit un enfant à chacune. Ingressa qua filia ; dormivitque cum patre et ille non sentit. Après que mademoiselle l’aînée eût fait sa nuit, mademoiselle la cadette fit la sienne. Conceperunt ergo duce filliæ de patre Loth ; elles accouchèrent de Moab et d’Ammon, qui, dans le désert, furent chefs de deux grandes nations.

Nous savons aussi que M. de Saint-Ognon, en sortant du lit, se mit à dire pour remercier Dieu : « Te Deum, victoire, Deo gratias », et que la dévotion de Mme de Bethzamooth répéta pieusement : « Te Deum, victoire, Deo gratias. »