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LES DÉVOTIONS DE Mme DE BETHZAMOOTH


dans son prima mensis. C’est un jour où elle fait trembler et les rois sur leur trône (11), et les évêques sur leurs sièges, et les bons bourgeois qui ne savent pas lire ou qui n’ont lu que des fadaises.

— Mon doute, réplique Madame, n’intéresse pas le salut, c’est seulement un doute de curiosité. Le voici : je suppose que Robert d’Arbrissel succomba à la tentation et que la pénitence qu’il en fit ne l’empêcha pas d’être mis après sa mort au rang des bienheureux. Que pensez-vous de mon doute ?

— Je ne pense rien, Madame, dit M. de Saint-Ognon, et c’est le sort de beaucoup de personnes que je connais, mais je sais que, ni dans les annales de Fontevrault, ni dans les gestes du bienheureux Robert, il n’est rien dit de cela. Il est écrit au contraire qu’il passa une partie de sa vie à catéchiser des filles de joie, l’autre partie à confesser et à diriger des religieuses, et que, malgré la délicatesse et le double emploi, il fut toujours chaste de l’œil, chaste des pieds, chaste de la main droite, chaste de la main gauche, chaste de la bouche et de la langue, chaste de corps et chaste de pensée, soit qu’il couchât entre la révérendissime mère