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LES DÉVOTIONS DE Mme DE BETHZAMOOTH


Dans l’admiration où est notre dévote de la vertu de M. de Saint-Ognon elle lui demande comment il peut résister à une si grande tentation. Et il dit : — C’est Dieu qui soulève à son gré les flots de la mer et qui les apaise quand il lui plaît, et de la manière dont il lui plaît.

Après un moment de silence, Mme de Bethzamooth répéta à voix basse, et peut-être avec un peu de dépit : — Comment peut-il résister à une si grande tentation ? Un supérieur de Saint-Sulpice, un primat des Gaules y succomberait certainement.

M. de Saint-Ognon entendit ce propos et fit semblant de ne pas l’entendre. Il n’était ni dévot, ni imbécile. S’il résistait, on doit croire qu’il avait pour cela de bonnes raisons. Un homme d’esprit en a toujours pour ce qu’il fait.

— J’ai un doute, lui dit Madame la dévote, et je vous prie de l’éclaircir. — Je n’en ferai rien, reprit-il ; dans les doutes où il est question de salut, on doit s’adresser à notre mère la Sorbonne. C’est elle qui décide même de ce qu’elle n’entend pas, mais toujours à merveille, parce que le Saint Esprit préside à ses décisions. Si je m’ingérais à résoudre votre doute, elle m’excommunierait