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LES DÉVOTIONS DE Mme DE BETHZAMOOTH


tard que demain je lui en ferai la proposition.

— Point de colère, Madame, reprit le mari ; vous êtes maîtresse chez vous. Vous y ferez tout ce que vous jugerez à propos et vous ne serez point contredite ; en attendant que vous ayez fait préparer un appartement, logez cet honnête homme dans le mien, car je repars demain pour la campagne, où j’ai beaucoup d’ouvriers et où j’espère que, le printemps prochain, le château sera en état de vous recevoir, vous et monsieur votre saint.

À ces propositions, Mme de Bethzamooth se tut un moment ; son silence tenait un peu de la rêverie. Elle n’en sortit que pour dire : — Monsieur, il est tard, j’ai beaucoup de prières à dire ; ainsi retirez-vous et convertissez-vous. — Si Madame le permettait, dit le marquis, nous pourrions ce soir prier ensemble. — Dieu m’en préserve, répond-elle, vos prières corrompraient les miennes. Sachez aussi, Monsieur, que les prières d’un homme qui vit dans le péché ne peuvent que déplaire à Dieu. — Mais si Madame, réplique de nouveau le marquis, le trouvait bon, je lui souhaiterais le bonsoir avant de me retirer ; et le bonsoir d’un mari qui ar-