Page:Duvernet - Les dévotions de Mme de Bethzamooth ; La retraite de la marquise de Montcornillon, 1913.djvu/52

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
38
LES DÉVOTIONS DE Mme DE BETHZAMOOTH


rendre à ma femme, à moi, à son père, à toute sa famille. Avec sa dévotion, c’est un démon incarné. Je ne connais rien de plus affreux en ménage que de n’être pas heureux avec une femme jeune, jolie, et qui ne manquerait ni d’esprit, ni de jugement, si une maudite dévotion ne lui dérangeait la tête et ne la rendait insociable.

Après la comédie, le marquis de Vaucluse rentra chez lui, tout en craignant d’y rentrer.

— Votre conduite, lui dit sa femme en le voyant, me fait bien sentir le prix d’un homme de Dieu. Votre désœuvrement vous a conduit à la Comédie et la dévotion du jeune homme que vous avez vu ici l’a mené à l’église pour prier pour vous.

— Madame, lui dit son mari, me paraît fort engouée de son homme de bien. Que ne le loge-t-elle ici ? — En voici bien d’une autre ! s’écria-t-elle. Est-ce que, pour cela, j’ai besoin de votre consentement ? Si j’avais un conseil à prendre, ce serait de mon confesseur et non d’un étourdi de votre espèce, qui n’approche jamais des sacrements. D’ailleurs, l’hôtel n’est-il pas à moi ? Avez-vous quelque chose à me prescrire là-dessus ? Oui, certes, je puis l’y loger, et pas plus