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LES DÉVOTIONS DE Mme DE BETHZAMOOTH


Vient visiter nos diseurs de bons mots :
La fièvre ardente, à la marche inégale,
Porte le trouble en leurs petits cerveaux…

Que cela est beau ! ô le bon livre, dit-elle en le baisant ! les hommes dévots n’en lisent jamais d’autres.

Sur un mouvement que fait le bel endormi, elle ferme le livre, le remet dans la poche, il reprend vite sa place.

Spiritus promptus est, caro vero infirma, dit M. de Saint-Ognon, en s’éveillant : L’esprit est prompt, mais la chair est faible[1]. Que Madame pardonne à l’incivilité d’un pécheur ! je suis un homme grossier et sans savoir-vivre. — Il n’y a pas de mal à cela, lui répond Madame ; les apôtres s’endormirent en la compagnie de Jésus-Christ. Vous avez peut-être passé la nuit en prières ; mais vous me paraissez bien triste ; auriez-vous fait quelque rêve désagréable ? — Tout au contraire, Madame, je me suis endormi en lisant l’histoire de Jacob, et j’ai fait le même songe que ce saint homme. C’est ce songe qui m’occupe. J’ai vu une échelle qui du ciel de votre lit s’allongeait jusqu’au firmament ; j’ai vu des anges qui

  1. Saint Mathieu, chap. XXVI, v.  41.