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LES DÉVOTIONS DE Mme DE BETHZAMOOTH


j’aurai l’honneur de revoir Madame et j’espère la retrouver toujours digne du magnifique nom de Bethzamooth, toujours digne d’être l’Élue de la maison du Seigneur. »

Notre dévote, moins étonnée des trois baisers qu’elle venait de recevoir de M. de Saint-Ognon qu’affligée d’entendre dire qu’il ne reparaîtrait chez elle que dans un an, lui fit des instances pour se rasseoir et pour attendre que les chevaux fussent mis à la voiture. En vain elle lui fait observer l’éloignement où il est de chez lui, le mauvais temps qu’il fait et la neige qui tombe. — C’est Dieu, dit-il en roulant les yeux, qui envoie la neige pour engraisser la terre, nix quæ cadit opimat terram. C’est aussi pour faire mourir les chenilles qui désolent les campagnes, autant que pour la conversion des pécheurs qui affligent la sainte Église. Il faut vouloir tout ce que Dieu veut ; nous ne sommes en ce monde que pour souffrir.

Après ce petit discours d’édification, M. de Saint-Ognon se retire et va passer le reste de la nuit au bal de l’Opéra.

Mme de Bethzamooth resta longtemps plongée dans l’ébahissement ; sa tête était entièrement bouleversée. « Enfin, dit-elle, j’ai donc trouvé un homme de bien qui approuve ma