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LES DÉVOTIONS DE Mme DE BETHZAMOOTH


de Madame portera son fruit ; qu’il naîtra d’elle quelque chose de merveilleux, de grand, de saint. Madame sait-elle que le nom de Bethzamooth est un nom hébreu ? qu’il est tout au long ; dans l’Écriture sainte ? et qu’en langue sacrée ce beau nom signifie l’Élue de la maison du Seigneur ?

— Ce qui est très vrai, c’est que je ne suis pas l’élue de ma famille, car je suis brouillée avec tous mes parents. Je n’en vois aucun. Mon père est un vieux débauché qui ne parle que de filles et de spectacles, qui vit comme s’il n’y avait ni paradis, ni enfer ; je ne le reçois plus chez moi. Ma porte lui est défendue ainsi qu’à mon frère, qui vaut encore moins que mon père. Ma sœur est une femme qui a passé sa vie dans le monde, occupée de visites, de jeux, d’ajustements, de soupers et de comédie ; elle ne pense qu’à plaire. Sa conduite est un véritable scandale, et si je la recevais chez moi je serais bientôt sans nulle considération parmi les dévots.

« Pour ce qui est de mon mari, j’ai entièrement renoncé à sa société. C’est un jeune homme qui n’a rien de solide, il n’a ni mœurs ni dévotion, ne s’entretient que de romans, de bals et d’actrices. Quand il n’est point à son régiment, il passe son temps à