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LES DÉVOTIONS DE Mme DE BETHZAMOOTH


maître d’hôtel la disette des fruits et la rareté de la bonne marée, mettant sur le compte de ses femmes et la neige qui tombait et le grand froid qui menaçait de geler les abricotiers et les pêchers. — Dieu nous en préserve, Mesdemoiselles, leur dit-elle ; mais si ce malheur arrivait, je vous renverrais toutes, ne voulant pas avoir près de moi de mauvais sujets qui, par leurs indévotions, attirent sur les biens de la terre les malédictions du Ciel.

Cette charitable exhortation fut terminée par un grand soufflet que la dévotion de Madame appliqua sur la joue rebondie d’une jeune et jolie femme de chambre, en lui reprochant d’être habillée comme une comédienne et d’avoir de ces grands yeux qui mangent les hommes.

Après le soufflet et la retraite des domestiques : — En vérité, dit M. de Saint-Ognon, Madame est le modèle des vraies dévotes ; il faut cela pour tenir le bon ordre ; autrement la maison la plus régulière serait bientôt une maison de péché et de scandale. Plût au Ciel que toutes les femmes de Paris eussent pour gouverner leur maison une dévotion aussi bien entendue ! On verrait bien moins de désordres dans la société ; Dieu en serait