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LES DÉVOTIONS DE Mme DE BETHZAMOOTH


par les voitures. Entrez dans la mienne, et je vous ménerai, à votre choix, ou chez vous, ou à mon hôtel. — Que la volonté de Madame soit faite, répondit M. de Saint-Ognon ; j’irai partout où l’esprit de Dieu me conduira, bénissant dans Madame une charité si rare à l’égard d’un homme qui marche à pied dans Paris et louant la Providence qui, à son gré, verse la pluie et la neige sur les pécheurs et qui met ses saints et ses saintes à l’abri du mauvais temps[1].

Pour parler ainsi, il est bon qu’on sache que M. de Saint-Ognon connut qu’il avait affaire à une dévote. Disons aussi qu’il allait à la Comédie et que Mme de Bethzamooth crut qu’il sortait du sermon ; ajoutons encore qu’il était dans cet âge où l’on aime les aventures, autant pour le plaisir d’avoir des aventures que pour celui de les raconter dans sa vieillesse. En effet, rien n’égaye nos vieux ans comme le souvenir de ce que pendant la jeunesse on a fait et l’on a vu de singulier.

  1. Le lecteur doit observer que toutes les fois que M. de Saint-Ognon parle, c’est avec une volubilité extrême, avec le ton d’un homme qui prêche et qui fait des grimaces de dévotion.
1.