Page:Duvernet - Les dévotions de Mme de Bethzamooth ; La retraite de la marquise de Montcornillon, 1913.djvu/185

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
171
LA RETRAITE DE Mme DE MONTCORNILLON

Mme de Montcornillon ne pouvait croire ce qu’elle voyait, tant son cœur était ému. L’aînée des deux demoiselles ouvrait pour la première fois entièrement ses grands yeux et ne pouvait se lasser de regarder et d’admirer le père ermite en habit de héros, escadronnant à la tête de six cents hussards. La jeune riait de plaisir. — Ma foi, disait-elle, tout mystère est accompli. Nous le voyons dans sa gloire, ainsi qu’il nous l’avait prédit. Il est en effet plus glorieux de commander à des guerriers que de vivre en ermite, de servir l’État, que de gueuser. Nous pensions avoir des enfants d’un prophète ; ils seront ceux d’un héros et vaudront peut-être davantage.

Pendant ces moments d’admiration et d’un profond étonnement, elles aperçurent le père Bonhomme dans la foule. Mme de Montcornillon le fait appeler et monter dans sa voiture. Elle lui demande le nom du colonel. — C’est, répondit-il, le marquis de Confolans. Il a de l’amitié pour moi, ainsi que son père. Je les ai vus l’un et l’autre pendant la dernière guerre. J’étais un des aumôniers de l’armée. Le père Bonhomme, comme on peut le penser, n’a pas toujours resté dans son couvent à chanter vêpres et à bêcher son