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LA RETRAITE DE Mme DE MONTCORNILLON


Paris. Après-demain il s’assemblera derrière votre maison ; c’est lui qui le fera manœuvrer. Si vous faites bien, vous irez voir cet exercice, cela vous amusera. Dans votre situation il faut vous tenir joyeuse afin de ne pas faire un enfant pleureur et rechigné. C’est avec le jeune colonel de ce régiment que je voulais vous marier. Rien pourtant, si après vos couches vous vous conduisez bien, n’empêchera que je mette en train ce mariage ; mais nous parlerons de cela une autre fois.

Cette exhortation simple et grossière en valait bien une plus fleurie. Malgré l’incrédulité du père Bonhomme, la jeune veuve n’en fut pas moins persuadée d’avoir opéré avec l’envoyé de Dieu. Cependant, conformément à ses avis, elle alla avec ses deux femmes voir manœuvrer les hussards. Malgré la foule et l’embarras, elle se trouva toujours à portée de voir les évolutions. Le colonel, qui l’avait fait observer, avait pourvu à sa curiosité. Tout le régiment dédia en sa présence. Il serait difficile de peindre son ébahissement et celui de ses deux femmes de chambre lorsqu’elles reconnurent leur prophète dans le colonel qui commandait les hussards.