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LA RETRAITE DE Mme DE MONTCORNILLON


permis cette aventure que pour vous prouver que j’avais raison de vous dire de ne pas rester seule. Comme la faute de vos femmes est la suite de vos visions, vous êtes obligée d’en prendre soin pendant leur grossesse, comme pendant leurs couches, et de vous charger de l’éducation de leurs enfants, afin qu’ils soient élevés dans la crainte de Dieu et dans l’amour de notre bon roi Louis XVI. C’est là votre pénitence. Ce sera aussi un acte de justice et d’humanité. Vous êtes riche, bonne chrétienne, bonne maîtresse, et je ne doute pas que vous ne fassiez tout ce qui dépendra de vous pour rendre heureux les enfants et les mères. Tout cela pourtant me fâche beaucoup. Cette grossesse dérange mes projets ; et s’il faut vous l’avouer, madame, je voulais, pour vous délivrer de vos ennuis, de vos visions et de vos tentations, vous marier à un jeune homme grand, bien fait, bon enfant, d’un bon caractère et de beaucoup d’esprit. Il est à peu près de votre âge et comme vous il a de très belles couleurs. C’est le fils d’un très grand seigneur. Son père va à Versailles tous les dimanches, et le roi lui parle quelquefois. Son fils est colonel dans les troupes légères. Son régiment arrive ce soir dans

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