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LA RETRAITE DE Mme DE MONTCORNILLON


milieu de Cythère, pillant, ravageant, fourrageant tout, ne respectant rien, ne laissant de la susdite île ni coin, ni recoin sans le mettre à contribution.

La journée du lendemain, à peu de chose près, ne fut qu’une répétition de la veille, et la nuit qui suivit fut celle de Rachel. Vint ensuite la nuit d’Isaïe et de la prophétesse ; s’ensuivirent enfin les nuits de Bala et de Zelpha, c’est-à-dire des deux suivantes.

La plus âgée avait vingt-deux ans, c’était une grande fille blonde, bien faite, d’un grand éclat, mais d’une indolence extrême, sans passions et sans désirs. Ses yeux pleins d’une douce langueur étaient grands et très fendus ; on n’en avait jamais vu toute la beauté, elle les tenait toujours à demi fermés, tant elle craignait le léger effort qu’il eût fallu faire pour les ouvrir extrêmement. La paresse la rendait indifférente sur les faveurs et les embrassements du prophète ; rien que la peur d’offenser Dieu la retint. C’est le seul embarras, disait-elle à sa compagne, de faire une chose que je n’ai point encore faite et la crainte de ne pas le savoir faire.

Sa compagne, âgée de dix-huit ans, était une brune très piquante, d’une taille mé-