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LA RETRAITE DE Mme DE MONTCORNILLON

L’heure du coucher étant arrivée, le jeune et vénérable ermite se met à genoux. À son exemple, la jeune veuve en fait autant. La prière qu’il fit fut une oraison à la judaïque, c’est-à-dire une invitation au ciel, au soleil, à la lune, aux étoiles, aux éléments, aux arbres, aux plantes, aux oiseaux, aux rochers, aux animaux, à bénir Dieu et à l’adorer. Ces invitations furent terminées, conformément à l’esprit des juifs, par des malédictions horribles contre les pécheurs et en particulier contre ceux qui sont sourds à la voix des prophètes et qui rejettent les visions du Seigneur.

Après ces imprécations, le saint ermite s’approche du lit de madame, le bénit à plusieurs fois en disant : « Cette nuit sera la nuit de Jacob et de Lia qui n’est point Lia. Demain sera la nuit de Rachel qui n’est point Rachel et qui est plus que Rachel. » Les deux femmes de chambre, toujours témoins, admirent, s’étonnent, et sur un signe mystérieux que fait le saint ermite avec le bras droit, elles sortent de la chambre et laissent leur maîtresse seule avec lui.

Qu’on n’imagine pas voir un jeune homme qui, pour dénouer une scène amoureuse, se Jetant aux pieds de sa maîtresse, embras-