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LA RETRAITE DE Mme DE MONTCORNILLON


bavards. Aucun d’eux n’a pu nous satisfaire. Ce problème, en effet, ne peut être résolu que par les probabilités et nous laissons à M. le marquis de Condorcet, l’ami du célèbre d’Alembert, l’honneur de la solution.

Enfin arrive ce jour si désiré, et à sept heures du matin, le jeune colonel de hussards, en habit d’ermite, se présenta à la porte de la belle visionnaire. Il veut monter dans son appartement ; une femme de chambre le rudoie et il se retire en poussant trois cris affreux.

Mme de Montcornillon, déjà éveillée, entend ces cris et sonne. On arrive en hâte pour lui dire quel est le personnage qui a paru. — Comment est-il habillé ? demanda-t-elle d’une voix oppressée. — Comme un religieux qui est ermite, répondent les deux demoiselles. — Est-il jeune ? leur demande-t-on encore. Là dessus, grande dispute. L’une dit oui et l’autre dit non. — Il a, répond la première, le visage du Salomon de la Bible. — Je n’ai pas bien vu le visage, repart la seconde, mais il a la barbe de Samuel, qui est aussi dans la Bible. — Puisqu’il en est ainsi, réplique leur maîtresse, s’il revient, vous le conduirez ici, car il faut que les desseins de Dieu s’accomplissent.