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LA RETRAITE DE Mme DE MONTCORNILLON

Tel qu’un jeune et superbe onagre, qui sentant l’objet de ses amours, sans que rien ne l’arrête, le poursuit avec ardeur[1] ; tel notre jeune colonel de hussards : il a vu entrer à l’église notre belle veuve et la suivant à la piste, il est entré avec elle ; tapi derrière le confessionnal, il était tout oreilles. Aucune circonstance de la charmante vision que la jeune veuve a racontée au père Bonhomme, n’a échappé à son esprit attentif. Il ne sort de l’église que pour voler chez lui ; et vite une Bible qu’il dévore pour savoir ce que c’est qu’un Osée, un Isaïe, une Gomer, une Bala, une Lia, une Roma, une Zelpha. Et vite un habit d’ermite et une belle barbe blanche, et vite il répète son rôle de prophète qu’il fait bientôt à merveille.

On était au vingt-sept du mois d’avril, et c’était le premier jour de mai qu’il voulait se présenter, au nom de Dieu, chez Mme de Montcornillon. Mon lecteur voudrait-il me dire lequel des deux, ou de ce jeune colonel ou de cette jeune veuve, appelait ce jour avec plus d’impatience ? Nous avons sur cette matière importante entendu bien des

  1. Onager in desiderio animæ attraxit ventum amoris sui, nullus averlet eam. Jérémie, ch. 28, v. 24.