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LA RETRAITE DE Mme DE MONTCORNILLON


met. — Eh bien ! la Bible de Calmet ne vaut pas plus que la Bible de Calvin. Il n’y a de bonne Bible que celle de Royaumont. Je n’en ai jamais lu d’autre. Je ne me pique pas d’être un savant ; je me fais honneur d’être un bon récollet. Je dis ma messe tous les jours. J’assiste aux offices, je viens au confessionnal lorsqu’on m’y demande et au réfectoire lorsque j’entends la cloche. Après dîner je travaille à mon parterre, et tout en travaillant je dis mon chapelet pour notre roi, qui est très bon, et pour notre reine, qui est, ma foi, très belle. Pour ne pas m’ennuyer, je vais de temps en temps faire un tour à Paris, voir mes amis, apprendre des nouvelles, et si madame fait bien, elle en fera autant. — Je vous prie, mon père, de me dire si ma vision vient de Dieu ou du démon. — Ni de l’un ni de l’autre, elle vient de votre tête et des sottises que vous avez lues. Le démon est en enfer, et Dieu a bien d’autres affaires en tête que de vous mettre, pendant que vous dormez, des fadaises dans l’imagination. — Dites-moi encore, mon père, si c’est un péché d’ajouter foi aux visions ? — Les visions sont des sornettes. Ce n’est point un péché d’y croire, mais c’est une grande imbécillité. Tout comme un autre,

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