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LA RETRAITE DE Mme DE MONTCORNILLON


barbe blanche et un visage de vingt ans. J’ai songé que c’était le premier jour du mois de mai qu’il était venu. On n’a pas voulu le laisser monter dans ma chambre ; sur ce refus il a poussé trois cris affreux et s’est retiré. Le lendemain il est revenu et on l’a conduit dans mon appartement. Il a commencé par me dire qu’il était envoyé de Dieu pour la consolation de celles qui ont souffert tentation. Il s’est mis à genoux quatre fois et a fait quatre prières tourné vers l’orient, vers l’occident, vers le midi et vers le septentrion. Ensuite je lui ai fait apporter à déjeuner ; il a pris une figue qu’il a enveloppée d’un morceau de linge et l’a jetée au feu en disant : « Le maître maudit le figuier, le serviteur maudit le fruit. Périssent ainsi ceux qui résistent aux volontés de Dieu ! »

Ensuite prenant une seconde figue, il l’a partagée et en a jeté une moitié par la fenêtre et divisant l’autre moitié en deux parts, il m’en a donné une et partageant en trois le morceau qui restait, il en a donné deux à mes femmes et a mangé l’autre en disant : « C’est ainsi que les rosées du ciel seront répandues sur la maison de madame. » Il est resté quinze jours chez moi, méditant,