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LA RETRAITE DE Mme DE MONTCORNILLON


bon sens : qui ne se piquent pas de dire des choses très fines, mais qui en disent de très raisonnables.

Lorsque l’infortunée Mme de Montcornillon eut confessé ce qu’elle croyait être ses péchés, elle fit connaître l’état où se trouvait son esprit, ses tentations, ses peines spirituelles et finit par demander des conseils. — Madame, répond le confesseur, me fait honneur. Je m’appelle le père Bonhomme, je dis ce que je pense, mais je ne conseille personne. Avant tout, je demanderai à Madame si, étant jeune, comme je la crois sur le son de sa voix, et étant fort riche, comme elle me le fait entendre, elle a de bonnes raisons pour vivre toute seule, séparée du monde comme un petit hibou ? — L’envie de me sanctifier. Je fuis le monde, parce que c’est un ennemi dangereux pour le salut. — Le monde un ennemi dangereux ? Cela peut être ; je n’en sais rien. Il ne m’a jamais fait de mal, à moi ; mais je sais qu’un ennemi plus dangereux encore que le monde, c’est nous-mêmes. C’est celui-là qu’il faut fuir, surtout quand on est jeune : experto crede Roberto. Croyez-en le père Bonhomme ; là-dessus il en sait autant qu’un autre. Je me fis récollet dans un âge où j’ignorais ce