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LA RETRAITE DE Mme DE MONTCORNILLON


automne les mouches entrent dans un appartement ouvert de toutes parts. Elle fit avec ses yeux un pacte, celui de ne jamais les lever sur Joachim. Ce pacte, que la vertu lui avait suggéré, fut insuffisant. Alors elle l’exclut du service de table et de tout le service dans la chambre ; mais ce sage et honnête garçon, que sa maîtresse ne voulait plus voir pendant le jour, s’offrait toutes les nuits à son esprit avec son bouton d’or.

Un soir, avant de se mettre au lit, prosternée devant un crucifix, elle fit cette prière : « Ma douleur, ô mon Dieu, est au-dessus de toute douleur ; je suis un faible roseau agité par les vents et qu’ils briseront si vous ne le garantissez de leur fureur. Vous me présentez un calice plein d’horreur. Le calice de la mort me serait moins amer. Toutes choses vous sont possibles ; éloignez de moi ce calice affreux. Néanmoins, que votre volonté s’accomplisse et non la mienne. Effacez surtout de mon imagination tant d’objets obscènes qui la faiblissent malgré moi. Purifiez toutes mes pensées ; faites qu’en dormant je n’en aie que de chastes et d’honnêtes, afin que demain à mon réveil, la joie et la paix dans le cœur, je puisse bénir votre saint nom ! »