dit sur son visage. Ses domestiques, qui lui
étaient sincèrement attachés, la voyaient
affligée et ignoraient le sujet de son affliction.
Ils étaient plongés dans la douleur et
la crainte qu’elle ne retombât malade.
Dans un de ses mouvements de tristesse où notre veuve s’abandonnait entièrement, Joachim entre dans la chambre pour faire son service. Il la regarde, et ses yeux se mouillent de pleurs. — Qu’avez-vous, Joachim ? lui demande sa maîtresse avec douceur ; dites-moi vos peines, et s’il dépend de moi de les diminuer, je m’en ferai un plaisir. — Il est vrai, madame, j’ai un chagrin, et ce chagrin est très grand : c’est celui de vous voir affligée. C’est là ma peine et toutes mes peines.
Joachim fut remercié de ses bons sentiments et renvoyé de la chambre. Cependant l’attachement de cet honnête garçon inspira à la belle affligée de l’intérêt pour lui et cet intérêt devint très grand lorsqu’elle apprit par ses femmes que Joachim était le frère de lait de monsieur son mari et qu’il ne lui avait pas parlé de cette fraternité pour ne pas rouvrir la blessure de son cœur.
Joachim était sage, soigneux, retiré ; de jour en jour il devint plus cher à sa maî-