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LA RETRAITE DE Mme DE MONTCORNILLON


sine, au contraire, se borne à lui demander comment il se trouve et il répond sagement : « Très fatigué d’un mauvais rêve. » Elle l’exhorte à garder le lit, se rendormir et à ne plus rêver.

Tout le temps que dura sa maladie, rien ne lui manqua. La cousine regardait les soins qu’elle lui accordait comme devoir de parenté ; mais quel fut le fruit d’un devoir si religieusement rempli ?

Une nouvelle affliction d’esprit, une nouvelle tentation. Cette flûte, qu’elle avait vue à cru, se plaça tout à coup à travers de sa tête et se mit à jouer toute seule les airs les plus obscènes. Rien ne fut négligé pour se délivrer de ce nouveau tourment et rien ne réussit. Au risque de passer pour une parente dure, elle renvoya à la pension son cousin, qui n’était pas encore bien rétabli ; mais elle croyait que Dieu, pour mettre fin à sa tentation, exigeait ce sacrifice. La flûte du cousin, à la vérité, sortit de sa tête, mais ce fut pour se placer ailleurs, et ce déplacement fut un surcroît d’affliction.

La santé de la jeune veuve, qui jusqu’alors avait résisté à tant de tribulations, commença à s’altérer. Son esprit devint triste et chagrin. L’accablement de son âme se répan-

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