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LA RETRAITE DE Mme DE MONTCORNILLON


un démon affamé qui mange goulûment un ange.

En vain notre veuve, d’une voix étouffée par la crainte et l’horreur, crie et crie : « Non, je n’y consens pas ; mon Dieu, secourez-moi ! » Dieu semble ne pas l’entendre. C’était pourtant lui, et il n’en faut pas douter, qui, pour la sauver de l’outrage qu’on fait à sa vertu et de l’affront qu’un prêtre violeur veut faire à son devant, avait embarrassé sous son derrière le cordon de la sonnette. Tout en se débattant dans les bras de l’incestueux, elle imprime à ce cordon un mouvement qui agite précipitamment la sonnette. À ce bruit extraordinaire, tous ses gens alarmés, femmes, laquais, cuisinière, accourent. Mais le confesseur qui les entend, met vite à couvert la plante du diable : sous une paupière à demi fermée, cachant une prunelle lubrique, il recompose son visage dévot, et tout en poussant un soupir sanctifié, il sort, après avoir, d’une voix d’élu, recommandé aux soins des domestiques leur bonne maîtresse.

La vertueuse dame de Montcornillon, revenue de sa frayeur, remercie ses gens et ne leur fait point connaître que l’homme de Dieu l’a assaillie : elle était pieuse et n’était