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LA RETRAITE DE Mme DE MONTCORNILLON

— Quoi ! mon cher confesseur, reprit notre veuve, vous savez le mal qui me dévore, vous avez un remède à ce mal affreux, et vous ne m’en parlez pas ! Que vous avez peu d’attachement pour votre pénitente ! Au nom de Dieu, donnez-m’en vite, que je m’en rassasie et que je mette fin à cette guerre cruelle que jour et nuit me font mes sens.

Ô crime affreux ! et l’eût-on cru, que ce saint confesseur qui, pendant la maladie de sa pénitente, pour la consoler, ne lui montra jamais que le Dieu du ciel, eût eu l’effronterie, pour la guérir de ses tentations, de lui montrer la plante du diable ? Rien pourtant n’est plus vrai que cet excès d’audace et d’impudence.

À l’aspect de cet horrible objet, la vertueuse dame de Montcornillon pousse un cri effroyable, en disant : « Retirez-vous, esprit tentateur, éloignez-vous, plante du diable !… » Mais le saint, qui était en rut, n’obéissant qu’à sa luxure, d’un baiser impudique lui ferme la bouche ; tel que le diable empoigna Jésus pour le porter sur le pinacle du temple, tel le confesseur empoigne sa pénitente, et de ses deux mains musculeuses la porte sur son lit. Qu’on imagine voir, non un vautour dévorant une jeune colombe, mais