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LA RETRAITE DE Mme DE MONTCORNILLON


jours renaissantes, la poursuivaient partout, soit qu’elle fût chez elle, soit qu’elle fût à l’église, soit qu’elle veillât, soit qu’elle dormit.

L’amitié qu’elle avait pour son confesseur était confiante. Un jour qu’ils étaient seuls, elle lui ouvre son cœur, lui fait connaître les illusions de son imagination et les révoltes de ses sens. — Je conviens, madame, lui dit l’homme de Dieu, que cette maladie est terrible ; mais elle n’est pas sans remède ; il s’agirait de prendre de temps en temps quelques doses du suc de la plante masculine. — Ah ! Monsieur, réplique-t-elle avec innocence et candeur, et sans se douter de ce qu’il voulait dire, ne me parlez plus de drogues. Vous le savez, on m’en a rassasiée ; qu’il ne soit plus question, je vous en conjure, ni d’apothicaires, ni de médecins. Cependant la drogue dont vous me parlez, est-ce un amer ou un béchique ? — Non, madame, répond l’homme de Dieu, c’est un apéritif ; la nature n’a pas de plus grand calmant. La plante même est très commune, et comme alors qu’on y pense le moins, on peut être dans le cas de s’en servir, et de faire quelque bonne œuvre, j’en porte toujours sur moi.