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LA RETRAITE DE Mme DE MONTCORNILLON


au nom du roi, ont brûlé l’ouvrage et levraudé son auteur, l’abbé Raynal : tout cela me dégoûte de ce monde et j’en veux sortir.

L’Opéra, me dit-on, est meilleur qu’il n’a jamais été. Cela peut être ; mais le fracas de ce spectacle m’assourdit, et je n’aime pas assez la musique pour ne pas préférer un bon et tranquille sommeil à tous les accords des divins Piccini et des divins Gluck. D’ailleurs, cet opéra a beau être bon et la musique excellente, sa salle n’en sent pas moins mauvais, ainsi que tous les endroits où s’assemblent et s’entassent beaucoup de fous, beaucoup de singes, beaucoup de femmes, et j’applaudis à je ne sais quel auteur qui a plaisamment imaginé que notre terre était le privé des autres planètes. Je n’aime pas demeurer dans un privé et j’en sortirai, ainsi que le conseille Marc-Aurèle, non en me frottant les yeux comme on sort d’une chambre qui fume, mais en me bouchant le nez comme on sort d’un lieu infect. Ce ne sera, à la vérité, qu’après que j’aurai fini de raconter l’histoire de ma jeune veuve.

Son nom de famille était du Poil-Doré ; ainsi donc notre veuve avant son mariage s’appelait Mlle du Poil-Doré. Ce beau nom du Poil-