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LA RETRAITE DE Mme DE MONTCORNILLON


contre le suicide ; il en conféra avec tous ses amis, leur proposant ses raisons et écoutant les leurs. Il n’en trouva aucun qui ne fût d’avis que lorsqu’on est en ce monde, il faut y demeurer jusqu’à ce que celui qui nous y a mis nous en retire. Ses amis se relayaient pour le distraire de son dessein ; l’un le menait à la campagne et l’autre à la comédie.

L’Écriture sainte était une des choses que le colonel Saint-Leu savait le mieux, et c’était celle à laquelle il croyait le moins. Il la citait souvent, mais dans toutes ses citations on remarquait un coin d’ironie qui décelait son incrédulité ; souvent même il en parlait avec scandale, et c’est ce dont nous avons été témoin.

Un jour il vint me voir ; c’était dans un moment où ayant pris un remède et en attendant qu’il opérât, je parcourais avec édification quelques chapitres de la sainte Bible. — Comment, me dit-il, peut-on s’amuser à lire ce recueil de fables judaïques ? — Ah ! mon cher ami, lui répondis-je, pourquoi parler avec impiété d’un livre divin qui fait ma consolation et la consolation de beaucoup de gens de bien ? Ensuite, poussé par mon zèle, je lui en prouvai la divinité