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AVANT-PROPOS

Sous l’administration de M. Turgot, qui avait la noble ambition de vouloir remédier à tous les maux de l’État, les économistes jouirent d’une grande liberté. Ils parlaient avec hardiesse et enthousiasme des grandes réformes que le grand homme méditait.

Pour opérer en France de grandes choses, il faut trouver des hommes éclairés, ce qui est rare. Ce n’est pas assez qu’ils soient éclairés, il faut encore qu’ils soient courageux, et cela est plus rare encore.

Les personnes intéressées à ce que M. Turgot ne fît aucun changement en France s’effrayèrent de ses projets ; leurs cris alarmèrent le gouvernement. Les Éphémérides du citoyen furent supprimées ; on ôta les finances à M. Turgot. Les économistes qui écrivaient en faveur de ses opérations tombèrent dans la disgrâce ; les principaux furent exilés. On envoya l’abbé Baudeau à Combronde en Auvergne, et l’abbé Roubeau en Normandie.

Le colonel Saint-Leu, leur ami et leur coopérateur, ne fut point exilé, mais n’ayant plus rien à faire il se crut inutile sur la terre, se dégoûta de la vie, et se résolut à la quitter. Avant son départ pour l’autre monde, il lut tout ce qu’on a écrit pour ou