Page:Duval - Roi des aventuriers, 1916.djvu/62

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

M. Poiroteau retrouva son coursier attaché à son arbre, il l’emfourcha et rejoignit le chevalier :

— Suivez-moi, lui dit celui-ci.

— Vous suivre, monsieur le Comte ?

— Vous ne voulez pas qu’on vous prenne pour mon ami, je suppose ?

— Mais…

— Non, vous passerez pour mon laquais. Il m’en manquait un… je vous engage,

— Mais…

— Quoi encore ?

— Me donnerez-vous des gages au moins ?

— Certes.

— Et vous les payerez quand…

— Quand j’aurai fait fortune.

— Hum !…

— Trêve de paroles, et au galop, César, la fortune n’a qu’un cheveu : il faut le saisir au passage et nous n’avons pas de temps à perdre.

Et notre Gascon piqua des deux, péniblement suivi par son nouveau laquais, sur l’attachement duquel il savait pouvoir compter.

— Ah ! ces Gascons, gémissait tout bas M. Poiroteau, ils ont tous les tours dans leur sac ! Ils roulent même leurs créanciers !…

La nuit tomba.

Après plusieurs heures de marche, les deux voyageurs s’arrêtèrent. D’Arsac avait relevé les traces des chevaux des fugitifs — traces reconnaissables à certains fers des