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mée au cours de cette tragique nuit, elle résolut de veiller le corps de son père.

Malgré son désespoir, Mlle Montluc n’oublia pas son sauveur à qui elle témoigna encore sa reconnaissance en termes émus. Elle fit aménager une chambre où le chevalier d’Arsac put passer le reste de la nuit. Puis, elle se mit en devoir de donner les derniers soins au défunt.

M. Bernard Montluc était sexagénaire. À l’âge de vingt ans il avait quitté l’Europe et était venu chercher fortune dans le Nouveau-Monde. Peu à peu, il était devenu un des plus grands colons du Canada et avait amassé une grande fortune. À un âge déjà avancé il avait épousé une jeune Américaine qui était morte en donnant le jour à son unique enfant Maud. Resté seul avec sa fille, M. Montluc avait fait construire une vaste habitation non loin de Toronto et il y vivait, heureux, depuis plus de quinze ans déjà lorsque des bandits inconnus étaient venus mettre fin à sa vie.

La jeunesse de Maud s’était écoulée dans la solitude. Après avoir fait ses études dans une pension de New-York, elle était revenue habiter avec son vieux père qu’elle chérissait de tout son cœur. Elle ne connaissait pas le monde, dans lequel elle n’avait fait que de rares apparitions au bras de M.  Mont-