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LES DEUX TESTAMENTS

des familles divisées jusques alors.

Mais si les Canadiens se montraient religieux et pieux, il ne cessèrent pas non plus de se montrer dévoués et généreux.

Non seulement ils continuèrent à soutenir la chapelle comme on l’appelait, mais ils trouvèrent moyen de souscrire dans l’espace des six ou sept mois, la somme de $2000 qui furent employées à faire le premier paiement sur le terrain où s’élève maintenant l’église St Jean-Baptiste.

Cette somme parait assez considérable, si l’on considère que la paroisse canadienne de ce temps-là ne comptait guère plus de soixante dix à quatre-vingt familles, dont un bon nombre ne faisaient qu’arriver à New York, et dont les chefs étaient principalement des ouvriers.

Petit à petit, les autres Canadiens qui étaient dispersés dans les divers quartiers et dans les environs de la ville se rapprochèrent de l’église et augmentèrent le nombre des paroissiens. Mais soit dit sans les offenser, ils n’eurent jamais le zèle et l’entrain des premiers fondateurs de la paroisse.

Sur ces entrefaites, les Canadiens eurent le malheur de perdre le Révd. Père Cazeneuve qui s’était embarqué pour un voyage en France où il mourut subitement en arrivant au Havre. Il fut pleuré et regretté, des Canadiens.

L’abbé de la Croix, lui succéda. Ce fut ce dernier qui bâtit l’église St-Jean Baptiste, dont il fut le curé pendant un an et demi à peu près.

M. l’abbé Tétreault, le curé actuel, lui succéda.

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Emma Bonneville se dirigeait donc vers la « chapelle » qui se trouvait dans la soixante-dix septième rue entre les Deuxième et Troisième avenues.

Comme il était encore de bonne heure, il n’y avait que peu de personnes quand elle arriva.

Elle s’agenouilla et pria longtemps pour ses parents, le succès de la nouvelle paroisse, pour celui qu’elle aimait et pour elle-même.

Quant elle eut fini sa prière elle s’assit et se mit à observer tranquillement les paroissiens qui commençaient à arriver en foule, et à remplir les bancs.

Soudain, elle sentit son cœur battre avec violence, car un jeune homme accompagné de deux dames venait de passer dans l’allée. Le jeune homme était Joe Allard, et l’une des dames était Mde Prévost, et l’autre, belle jeune fille qu’Emma ne connaissait pas, était Marie Louise Bernier.