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LES DEUX TESTAMENTS

Mais il a voulu s’amuser à mes dépens, voilà tout, et moi qui suis assez folle pour le regretter.

Comme il rirait de moi s’il savait que j’avais pris ses avances au sérieux.

Pourtant, j’aimerais mieux qu’il me pensât sotte et crédule que de me croire mal élevée et hardie, car dans ce dernier cas, il me mépriserait, tandis qu’autrement il ne pourrait s’empêcher d’éprouver des remords d’avoir abusé ainsi de ma confiance.

Cependant l’heure du départ arriva, et Marie Louise partit pour la grande gare avec sa cousine qui commençait à avoir les larmes aux yeux, à mesure que l’instant de lu séparation s’approchait.

On arriva bientôt à la gare où le train pour Montréal semblait les attendre, car cinq minutes après l’installation de Marie Louise dans un des compartiments, il commença à s’ébranler pour le départ.

En ce moment, pendant que Mde Prévost faisait à Marie Louise ses dernières recommandations par la fenêtre du compartiment, un jeune homme, pâle et essoufflé entra dans la gare.

C’était Joe Allard.

Il n’eut que le temps de lancer un regard expressif à Marie Louise qui avait rougi beaucoup en l’apercevant, et de lui crier.

— Adieu ! Mademoiselle.

Un long coup de sifflet de la locomotive lui répondit, et quelques instants après, le train disparaissait dans les profondeurs du grand tunnel.