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amour vainqueur

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l’unique cause, que les clauses du contrat de mariage, ne lui apportaient pas tous les avantages qu’il avait osé espérer recevoir de cette union, elle ne croyait plus à l’amour ; elle ne désirait pas se marier ; elle avait été témoin, elle avait entendu répéter trop souvent aussi, que dans la ville de Montréal, que le mariage n’était qu’une vilaine comédie, dont plusieurs ne profitaient que pour tromper leurs conjoints et leur manquer de fidélité !

Que la spéculation se faisait partout dans toutes les entreprises ; elle n’y voyait que du désordre dans la société ; voyous, mauvais citoyens, échevins vendus, magistrats en boisson, amis hypocrites et traitres, filles sans mœurs, religions intéressées, apôtres de la tempérance payés, détectifs affamés, prêtres corrompus même quelquefois !

Ce fut la première impression qu’elle eut de la société de Montréal, quand elle y arriva ; aussi, passa-t-elle plusieurs mois, sous l’impression que la vie du monde n’avait qu’une base : l’argent ! En dehors de l’intérêt, elle n’y voyait rien ! Elle avait beau étudier les mœurs de ceux qui rapprochaient, elle avait beau s’inquiéter de son avenir, elle avait beau scruter tous les plis et replis de sa conscience, elle en arrivait toujours à la même conclusion.

Avoir de l’argent, c’est commander la considération ! Avoir beaucoup d’argent, c’est pouvoir se dispenser de la considération ! Avoir encore beaucoup plus d’argent, c’est pouvoir commander et acheter toutes ou à peu près, toutes les autorités ! Aussi, convaincue que tout, dans le monde, n’a pour base que l’argent, elle n’attacha d’abord de prix, qu’à ce qui pouvait lui rapporter bénéfices ; longtemps, elle ne se sentait pas capable de sympathies ; son cœur était comme remodelé à la dernière mode ; mais sa nature bonne, en souffrait quand revenue à sa chambre, fatiguée de ses longues heures de travail, elle méditait sur ce changement qui s’était opéré en elle ! Je n’aurais pourtant pas, ces sentiments, se disait-elle souvent, si mon premier amour, que je ne peux pas faire suivre d’autres, tellement je les redoute ne m’avait pas causé tant de chagrin ! elle appelait de toute la force de son âme, l’amour vrai ! l’amour sincère ! mais il lui