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amour vainqueur

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à étudier sa vocation, qu’elle ne pensait plus aux plaisirs du monde, et était sur le point de se décider de faire une religieuse ; cette réponse de la Révérende Sœur Directrice, avait mérité à Rogers de la part du Directeur du Collège de l’Assomption où il faisait ses études, une forte réprimande ; Rogers en conçut du chagrin.

Comme il ne connaissait pas l’adresse personnelle de la jeune fille qui ne l’avait indiquée que sur la première note qu’elle lui avait adressée, Rogers à deux ou trois reprises, avait essayé encore, en adressant ses réponses, à la poste restante, à Chatham, mais ses correspondances furent ouvertes et remises à la Directrice du Couvent.

Tout ce mélange de correspondances non rendues à destination, fit réfléchir Rogers qui crut à de l’oubli, ou à de l’indifférence du côté de Ninie ; il éprouva de cette séparation un chagrin mortel !

Toutes ces belles promenades qu’il avait faites avec la jeune fille lui revenaient à l’esprit ; les larmes qu’il avait versées lors du départ de Ninie pour le couvent, la décision qu’il avait prise de reprendre ses cours pour se faire médecin ou avocat, dans l’unique but de conquérir et de garder son amour en se rendant digne d’elle et de son avenir, lui revenaient à la mémoire !

Ma chère Ninie, se disait-il souvent en lui-même, m’a oublié ; comment a-t-elle pu si facilement jeter au panier de l’oubli, tous ces beaux souvenirs, toutes les promesses qu’elle m’a faites de me garder son amour ! Ne se rappelle-t-elle donc plus les heures agréables passées dans le jardin de son père, alors que nous nous faisions nos premières déclarations d’amour, scellées sur les eaux du lac Témiscamingue ! Ne se rappelle-t-elle donc pas combien mon cœur était serré de chagrin et de peine, quand la veille de son départ pour le couvent, j’ai dû chanter : « Va, petit mousse où le vent te pousse » !

Rogers ne pouvait plus s’expliquer cette conduite de Ninie. Ô inconstance du cœur de la femme, se disait-il à lui-même !

Son cœur, en proie à la plus amère déception, souffrit beaucoup de cette indifférence de son amie, qu’il attribuait à