Page:Dussault - Amour vainqueur, 1915.djvu/65

Cette page a été validée par deux contributeurs.
51
amour vainqueur

 Les corrections sont expliquées en page de discussion

Ninie pâlit ! elle ne put contenir son émotion ; tout chez elle trahissait un malaise des plus pénibles !

Mon amie, lui dit sa compagne, êtes-vous malade ? oui, reprit-elle, je me sens fort mal à l’aise ; ma digestion, je crois, ne va pas du tout ; et j’éprouve un violent mal de tête ! aussitôt, sa compagne salua son frère et prit congé de lui.

Elle s’aperçut, le long de la route, que Ninie était très surexcitée, nerveuse et qu’elle pouvait à peine prononcer quelques paroles entrecoupées de soupirs qu’elle cherchait de contraindre ! Ninie fit tous ses efforts pour dissimuler sa peine et à toutes les questions que son amie lui adressait, elle ne savait que répondre autre chose : Je suis mal à l’aise, ce n’est rien ! c’est une digestion qui me fatigue.

De retour à sa chambrette, elle s’affaissa sur son lit et pleura abondamment.

Elle venait de revoir, celui qui lui avait promis de l’aimer toujours ! Elle venait de revoir son ami d’enfance, son bon Rogers, elle avait tant désiré savoir ce qu’il était devenu ! Jusqu’alors, elle s’était résignée à vivre sans amours, conservant toujours cependant l’espoir de revoir son bon Rogers ; oui, c’est bien lui, se disait-elle, c’est bien mon Rogers que je viens de revoir, au Grand Séminaire ! Plus d’espoir ! plus de vie, pour elle, maintenant ! elle sentait son âme défaillir !

Que lui était-il arrivé pour qu’il prenne une décision aussi importante, sans même lui faire part de ses projets sur son avenir ? Pourquoi Rogers avait-il agi ainsi, lui, le jeune homme fier, délicat et affectueux ? Comme je regrette, disait-elle à elle-même, l’avoir revu ! Mon cœur est tout bouleversé, à la pensée que je ne verrai plus ce Rogers qui chantait avec tant de sympathie dans la voix, lors de mon départ pour le couvent, « va, petit mousse, où le vent te pousse » !

Que de larmes, Ninie, versa, dans ces heures de réflexions ! Tantôt, elle prenait la décision de se faire, elle aussi, religieuse ! Tantôt, elle rêvait de faire un voyage pour oublier tous ses chagrins ! D’autres fois, elle pensait à retourner à son foyer, pour y couler une vie de dévouement auprès de ses parents ! Mais, se rappelant la décision ferme qu’elle avait prise de faire une