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CHAPITRE III


DÉBUT DANS LA VIE RÉELLE

Titre I


HÉSITATIONS DE NINIE


Tous les débuts comportent leurs sacrifices ; mais celui de la jeune fille enthousiaste et ambitieuse, sans autre appui que son propre courage et ses connaissances, est des plus pénibles ; que de privations, que de désirs restreints, doit-elle s’imposer pour atteindre le succès !

Pendant le laps de temps que Ninie passa auprès de ses parents, après sa sortie du couvent, elle réfléchissait sur son avenir ; elle avait réussi le premier de ses rêves : celui d’acquérir les connaissances, de se faire instruire ; il lui restait maintenant à réussir le second : celui de devenir riche et d’être reconnaissante pour ses bons parents.

Un grand vide s’était fait dans son cœur ; elle vivait sans amour ; cependant, son cœur était des plus affectueux ; sa nature rêveuse, idéaliste, ambitieuse même la portait à aimer, à désirer, à espérer ! elle cherchait et appelait le bonheur !

Elle n’avait plus son ami Rogers ; elle ne le voyait même plus ; plus d’une fois, elle avait traversé le lac Témiscamingue qui lui rappelait un souvenir, à la fois, doux par les heures heureuses et à la fois, cruel, par la déception qu’elle trouvait en son premier amour, pour se rendre à Haileybury où elle espérait toujours y rencontrer un jour ou l’autre son ami Rogers ; jamais, il ne lui fut donné même de revoir cette figure qu’elle avait tant aimée et qui lui avait fait le serment de l’aimer toujours !