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amour vainqueur

sur ses genoux, une jeune enfant de sept ans. Habituée à administrer vu l’absence souvent répétée de son mari, cherchant fortune, elle dictait ses ordres, aux autres enfants, afin que ses biens soient protégés.

La jeune fille, rêveuse qui contemplait avec étonnement, le spectacle de la nature, passant ses bras, autour du cou de sa mère, lui couvrant les joues de ses baisers, les plus affectueux, lui demanda alors : « Maman, que deviendrai-je moi » ? tout comme saisie d’inquiétude, par l’aspect terrifiant du firmament, son âme sondait l’avenir.

« Je veux toujours te garder près de moi, lui répondit la mère ; je t’aime bien, ma chère Ninie, il est vrai que parfois tu es maussade, mais tu es si affectueuse et tu es si bonne pour ta maman que je veux toujours te garder près de moi. » « Maman, ajouta la jeune enfant, avec beaucoup d’assurance, comme si une inspiration soudaine avait jeté dans son cœur, une décision définitive ; était-ce là, la conclusion d’une longue suite de pensées mûries dans la tête de cette jeune fille ? était-ce la conséquence de certaines conversations qu’elle avait entendues auparavant ? était-ce l’éclosion de certains sentiments éprouvés soudainement par cette âme sensitive, par l’impression que lui causait cet ouragan qui devenait de plus en plus menaçant ? « Je veux, dit-elle à sa mère, je veux aller loin, loin, bien loin, comme papa, pour gagner beaucoup d’argent, acquérir des connaissances ; je veux me faire instruire, et après, ma chère Maman, je reviendrai auprès de toi, et je te prouverai combien je t’aime ».

« Pour atteindre ce but, reprit la mère, il te faudra subir bien des épreuves, verser bien des larmes, souffrir bien des ennuis : il te faudra un grand courage et être bien brave, car tu ne connais pas encore, toi, tous les sacrifices qu’il faut faire pour arriver à cet idéal pour lequel tu soupires ; regarde, ma chère Ninie, comme c’est effrayant l’orage de ce soir ! et cependant, ce n’est qu’une légère image, qu’une faible description de l’orage de la vie » !

À ce moment, les éclairs sillonnaient les nues, et les échos des roulements du tonnerre, se répercutaient fortement dans les vallons de Haileybury et des environs. — les petits garçons reve-