Page:Dussault - Amour vainqueur, 1915.djvu/157

Cette page a été validée par deux contributeurs.
133
amour vainqueur

 Les corrections sont expliquées en page de discussion

Elle crut qu’il semblait éprouver beaucoup plus d’admiration et d’estime, pour la beauté de cette jeune fille qu’il ne paraissait lui prêter attention.

Oh ! il ne m’aime pas, se disait-elle, et moi non plus, je ne l’aime pas ; il ne connait pas l’amour ; c’est un homme que je ne comprends pas ! aussi mieux vaut vivre, « vieille fille » incomprise, que de vivre avec un homme, que je ne pourrais aimer et que je n’aime pas.

Mais, madmoiselle, continua M. Burrage, savez-vous que cette jeune fille est charmante, qu’elle mérite d’être poussée, encouragée et d’être envoyée au couvent ? Voyez donc, ces belles dents blanches, cette figure de fin minois, encadrée dans cette chevelure touffue et ondulée ! Elle ferait une demoiselle distinguée ! Oh ! elle est bien légère ; elle est jolie, mais n’a pas beaucoup d’intelligence ! reprit Ninie, comme pour sonder le fond du cœur du nouvel ami ; mais, c’est un enfant, dit M. Burrage ; avec les années et l’instruction, elle mûrira ses idées. Sa figure ajouta-t-il indique un grand cœur, elle sera amoureuse ; regardez sa belle bouche, ses jolies lèvres ; oui, elle sera amoureuse des beaux-arts et aussi très affectueuse et sensitive !

Ne la connaissez-vous pas ? — Non mademoiselle ! Et vous la connaissez ? — Oui monsieur, je la connais, mais pardonnez-moi, ma question, avez-vous l’intention de lui faire la cour ? En ce cas, vous pourriez revenir chez moi, elle prendra tout simplement ma place, au salon, c’est ma petite sœur. Mais j’ose croire que quoique jeune et naïve, elle ne tombera pas sous les flatteries de compliments un peu exagérés, et ne servira pas de pâture à la convoitise de gourmands.

Mademoiselle, vraiment, vous êtes en colère, reprit M. Burrage en jetant un coup d’œil sur la figure de son amie il constata qu’elle était surexcitée et énervée et ne pouvait dissimuler la profonde blessure qu’il lui avait causée au cœur, par ses remarques plutôt irréfléchies et dites à la suite de distractions d’affaires qui l’occupaient continuellement

Mademoiselle, lui dit M. Burrage, ne vous emportez pas, ne vous irritez pas contre moi ? Les quelques remarques favora-