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amour vainqueur

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pourtant, M. Burrage ne serait pas venu me voir, s’il n’eut pas su de Rogers même, qu’il m’avait délaissée ; c’est son ami !

Ninie passa une nuit, ainsi à se faire toutes sortes de questions, plaidant le pour et le contre de sa cause, maintes et maintes fois, et en arrivait toujours à la conclusion de continuer à recevoir M. Burrage.

C’était dans le cours de la semaine, l’entrée des classes des divers élèves de la campagne ; Nini comme ancienne institutrice avait reçu de M. le Curé de Guigues, M. Moutet, une invitation d’assister à l’école même où elle avait enseigné pendant de longs mois ; elle se fit accompagner de M. Burrage qui connaissait bien M. le Curé et les Commissaires, à cette ouverture de classe qui lui rappelait aussi tant de souvenirs.

Les élèves subissaient un examen sur toutes les matières, qui faisaient le sujet du programme de l’enseignement, afin de pouvoir permettre aux examinateurs de constater quels étaient les progrès des élèves.

Dans la classe des grandes filles, une enfant de quatorze ans, jolie intelligente, châtaine, de grands yeux bruns, de longs cheveux ondulés et touffus lui tombant sur la taille, d’un teint blanc, aux joues roses, et aux bras potelés, avait attiré l’attention des examinateurs, par la manière dont elle répondait aux questions.

Mademoiselle, demanda M. Burrage à Ninie, qui est donc cette jolie jeune fille ? pour son âge, elle répond très bien ; n’avez-vous pas remarqué, sa jolie chevelure, son regard intelligent ? Tenez, regardez donc, quel beau sourire ! Est-elle belle, cette enfant ?

À ce moment, Ninie se sentit toute troublée ; pourtant jusqu’alors, elle ne s’était jamais connue jalouse !

Comme elle se vit seule, au monde ! Son cœur devint désert, et vaste comme les horizons de l’univers.

Perdue dans l’amour et l’estime de Rogers qu’elle n’espérait plus revoir ! Incomprise de ce nouvel ami qu’elle trouvait pour le moins indélicat, elle constata que tout le firmament de son cœur, était voilé de gros nuages sombres qui lui annonçaient la venue d’un orage, dont elle redoutait les ravages !