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amour vainqueur

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de plaisir que d’aller avec son jeune frère, en chaloupe, sur les flots du lac Témiscamingue, qui avait été témoin de ses premiers élans d’amour.

Souvent, de jeunes amies venaient lui rendre visite, et enviaient son sort ! Elles se rappelaient avoir entendu dire que cette jeune compagne avait beaucoup combattu, et avait beaucoup travaillé ! Ses succès couronnaient tous ses efforts.

Au milieu d’elles, elle semblait être très heureuse ! mais, à peine, était-elle restée seule, qu’elle revenait à ses rêveries, que ses pensées étaient, tout de suite, portées vers celui dont l’absence jetait un voile de triste mélancolie sur toutes les joies qu’elle éprouvait dans ses vacances.

Assise au milieu du jardin, à l’ombre d’un gros pin, à côté d’une touffe de rosiers en fleurs, dans le plus profond silence, que seuls, les bourdonnements des abeilles, savourant le miel des roses, et le voltigement des papillons, troublaient, elle laissait errer son imagination féconde vers l’avenir, vers le bonheur qu’elle rêvait pour son ami et pour elle-même ; souvent, le soir, aussi quand le soleil versait de ses derniers feux, l’éclat pourpré de ses rayons, sur cette nature verdoyante, elle laissait son âme s’envoler auprès de Rogers dont l’ennui, lui faisait soupirer après la fin de ses vacances.

En lutte à toutes sortes de démarches de jeunes amis qui désiraient lui faire la cour, Ninie songeait à abréger le temps qu’elle s’était proposé de passer dans sa famille ; elle aimait trop son Rogers, elle lui avait trop promis fidélité et amour constant pour se permettre de recevoir la visite de jeunes amis.

Elle préférait aux plaisirs de la conversation de jeunes gens sur qui, cependant, elle aurait pu compter pour se faire un avenir heureux, sa solitude où elle croyait goûter les charmes de doux entretiens, par la pensée, avec son ami Rogers ; elle l’aimait plus que jamais ; elle regrettait parfois l’avoir quitté ! Il lui semblait qu’il aurait de la peine, et par ce fait, elle en éprouvait.

Toute son âme était auprès de lui ; elle avait traversé les distances, franchi les espaces ; mais elle ne pouvait jouir ni goûter le plaisir de se voir pressée sur son cœur ; elle ne pou-