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amour vainqueur

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voyageurs et les touristes se faisaient nombreux dans la montagne ; les fêtes du Congrès Eucharistique qui avaient eu lieu quelque temps auparavant, avaient amené dans la ville de Montréal, des milliers et des milliers d’étrangers dont un grand nombre avaient prolongé leur séjour de plusieurs semaines.

La jeune Ninie, accompagnée de deux de ses amies, avait, aussitôt après leur déjeuner, pris le parti de passer la journée dans la montagne, apportant avec elles, des mets pour leur repas du midi, des vaisseaux pour cueillir des fruits et diverses choses pour s’amuser ; elles s’étaient avancées dans la forêt ; occupées à raconter des histoires, attirées par la curiosité, à examiner de près, une tourelle de pierre monument historique du temps des Iroquois, qui se trouve située sur une hauteur toute pavoisée de gros arbres, en arrière de la Côte des Neiges ; elles s’éloignèrent beaucoup de la foule.

Lorsque, tout-à-coup, une des jeunes filles attira l’attention de ses compagnes sur deux individus dont les manières leur semblaient étranges et qui semblaient les poursuivre, en espionnant leurs démarches, se cachant derrière les arbres ; toutes trois, saisies de frayeur, prirent une course, dans la direction du chemin public, mais les deux étrangers masqués se mirent à leur poursuite, et se ruèrent sur Ninie, laissant les autres, la ligotant et essayant de la bâillonner ; Ninie eut recours à la force de ses poumons pour crier et appeler au secours, malgré les menaces de ses assaillants ! seuls les croassements du corbeau et les sifflements du merle se font entendre à ses oreilles pour toute réponse à ses appels réitérés : Au Secours ! elle est bâillonnée, ligotée et attachée à un arbre, épuisant en vain ses forces, dans de grands efforts pour se débarrasser de ses liens ! Les deux compagnes qui avaient pu échapper, atteignirent vite le sentier public, et virent un monsieur qui prenait une promenade à cheval ; par leurs cris, par leurs signaux, elles firent comprendre le danger dont elles étaient menacées.

En une minute, il descend de son cheval, tout ému, courageux et robuste, au risque de sa vie, il s’élance à gravir la hauteur ; la fougère et les arbrisseaux lui vont à la ceinture ; ses yeux sont grands ouverts sur la scène qu’il entrevoit, deux