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amour vainqueur

Quand Harry était sur sa Vérandah, fumant son cigare, conversant avec sa vieille mère qui, elle, se doutait bien de la cause des profonds ennuis de son fils, il apparaissait souffrant, jongleur, malade même.

Le gazouillement des oiseaux, le parfum s’exhalant des arbres en fleurs, la vue des promeneurs joyeux, l’aspect gai de la nature, n’avaient plus l’influence de le ramener à la joie, à la santé, au bonheur : toujours, sa figure était triste ; aussi, en peu de mois, il devint un tout autre homme ; sa vieille mère ne l’entendait plus parler de projets d’excursions.

Harry revint un jour, de son ouvrage, de son magasin, la tête bouleversée, et exprima, à sa mère, le désir de faire un voyage à Montréal ; il était tout-à-fait mécontent de l’attitude de celle qui lui avait manifesté tant d’amour, et qui avait promis de lui écrire.

Sa mère chercha à le dissuader de ses desseins, lui conseillant la modération, la résignation et lui affirma que si Dieu lui avait destiné cette jeune fille comme son épouse, tôt ou tard, il saurait bien la lui faire rencontrer de nouveau.

À ce moment, le facteur remettait à Harry la malle de la famille ; il ne fut pas peu surpris de reconnaître l’écriture de son ancienne amie, sur cette lettre au timbre de Montréal ; que me dit-elle ? se disait-il ? Il ouvrit et lut :



À M…

New York.


Mon cher Harry,

Des heures, des jours, des semaines, des mois même, se sont passés, depuis que je vous ai quitté.

La maladie m’a visitée juste au moment où je me proposais de vous écrire ; j’ai été clouée à un lit de douleurs et de souffrances atroces !

C’est ma première sortie, aujourd’hui. J’ai pensé à vous, très souvent ; j’ai pensé au chagrin que vous éprouveriez et à la mauvaise opinion que vous seriez tenté d’avoir de moi, vu que vous ne receviez pas de nouvelles !