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amour vainqueur

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Harry, lui dit Ninie, si je décide de quitter New York, veuillez croire que je reviendrai ou que je vous enverrai de mes nouvelles ? Oh, mon ami, reprit-il, vous ne pouvez pas partir ainsi ; vous avez un devoir à remplir et je tiens absolument à ce que vous l’accomplissiez.

Un devoir à remplir ? dit Ninie, toute étonnée, de se faire tracer une ligne de conduite, en présence de sa tante, par Harry ! La tante qui avait été occupée jusqu’alors, absorbée dans la lecture, en entendant cette phrase, demanda excuse au jeune couple, et regardant Ninie : Oui, ma chère nièce, M. Mitchell a raison, tu as un devoir à remplir ; je comprends et je m’explique que toute saisie du sujet intéressant de la conversation qui t’intéresse, tu ne t’en doutes, mais je sais que tu sauras t’acquitter de ce devoir dont veut parler M. Harry ; quel est ce devoir ? je ne comprends pas, ma tante, reprit avec vivacité, Ninie. M. Harry, si je le devine bien, veut insinuer que tu devras aller saluer sa vieille mère ? Oui, hochant la tête, dit-il, vous avez raison, madame ! Oh ! mon ami, soyez sans inquiétudes ; j’ai songé à ce que je dois faire. De même que je ne vous aurais pas quitté sans vous voir ni vous parler, à plus forte raison, je ne partirai pas sans avoir salué madame votre mère ; elle a été bonne pour moi ; elle m’a reçue dans sa maison comme si j’eusse été sa fille ! Si toutefois, je n’allais pas lui rendre visite, ce serait plutôt par la crainte d’être reçue froidement. Comment, dit Harry, pouvez-vous vous attendre à être reçue froidement ? avez-vous l’intention de me quitter définitivement ? Harry, paraissant tout énervé et surexcité, et comme regrettant d’avoir fait tant de déclarations d’amour et craignant de s’être abaissée en face de cette jeune fille, qui semblait vouloir le délaisser, continua : pourquoi me parler ainsi ? Vous me promettez de revenir ou de m’envoyer des nouvelles ? vous me déclarez que si je renonce à l’amitié de Miss Anita Baker, vous m’aimeriez ; alors, pourquoi parler d’être reçue froidement par ma vieille mère qui a cru comme moi, à l’amour et l’estime que vous m’avez manifestés ouvertement.

Ne savez-vous pas que cette brave dame est la noblesse même ? seriez-vous dans le tort qu’elle ne vous en parlerait