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amour vainqueur

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ridiculiserait de me voir plus longtemps retirée à l’écart avec vous, et causer sur un ton si sérieux et me verrait peut-être verser des larmes !

Soit, ajouta Harry, il se fait tard ; retirons-nous ; descendons au salon privé, et en présence de votre tante, nous nous expliquerons.

Car je veux savoir à quoi m’en tenir !

À cette invitation, la jeune fille toute bouleversée des remarques de Harry, et bien décidée à ne pas changer sa décision, et de suivre les conseils de sa mère et de retrouver le bonheur, la paix dont elle jouissait avant de le connaître accepta avec un sourire gracieux, l’aimable causerie, en cabinet particulier.

Tous trois prirent place dans le salon privé de Ninie, où tout d’abord on dégusta un verre de fine Champagne à la santé de Harry qui se contenta de demander la permission aux dames de fumer une cigarette.

Mon ami dit-il s’adressant à Ninie, qui, toute inconsciente, venait de jouer le «  Home Sweet Home, » sur le piano, qui était dans l’un des coins du salon ; ouvrez-moi votre cœur, parlez-moi avec franchise ! M’aimez-vous encore ? Quand vous me disiez que vous désiriez vous fonder un « Home », sous mes soins et sous mon amour, étiez-vous sincère ? croyez-vous à la sincérité de celui qui a fait tant pour vous ? Toute personne a ses défauts ; je ne suis pas parfait, moi non plus ; je peux vous paraître hautain, orgueilleux, trop pré-occupé des affaires et, comme devinant tous les sentiments cachés dans les plis et replis du cœur de la jeune fille, je peux vous paraître comme n’ayant pas l’idéal que vous voudriez trouver en moi ; permettez-moi de vous dire mademoiselle, que les rêves n’ont jamais bâti les fortunes, que la vie pratique n’a jamais obligé l’amour à diminuer d’intensité ; permettez-moi de vous dire qu’un homme peut avoir un grand cœur, être très sentimental, et avoir, en même temps, une intelligence plus forte et plus maîtresse des sentiments de son cœur.

Harry, cher ami, vous m’avez retirée à l’écart ; je suis contente de votre discrétion : je reconnais en vous, un homme que je croyais pouvoir aimer dès les premières rencontres que le