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amour vainqueur

ma situation pour celle qui s’offre à moi ou m’aider à les combattre en renonçant à ce qui m’est offert et qui peut être pour moi, un avenir heureux ou un avenir des plus pénibles !

J’ose croire que le retard que j’ai apporté pour répondre à votre bonne lettre que j’ai reçue à New-Bedford, chez ma tante, ne vous a pas causé trop d’inquiétudes.

Ma santé est très bonne, ainsi que celle de ma tante qui me parle souvent de vous et de toute notre famille.

Je vous écris de New-York, où pour la cinquième fois depuis mon arrivée aux États-Unis, j’ai passé quelques jours à chaque promenade, en compagnie de ma tante ; nous nous retirons à l’Hôtel Savoie qui est un peu plus joli et plus considérable que le Vendôme ou le Maple Leaf de Haileybury !  !

Ce qui m’a surtout frappé, ici, c’est que presque tous les employés parlent le français !

Inutile de vous dire que nous y sommes très bien traitées.

Je vous sais anxieuse de connaître la cause de ces fréquentes excursions à New-York, je vais vous la dire franchement, et j’en suis d’autant plus aise de vous l’avouer que j’éprouve un besoin de tout vous dire et de vous demander vos bons conseils.

Vous vous rappelez sans doute, ma chère maman, que j’ai toujours eu l’idée de connaître et d’acquérir des connaissances.

Bien, voilà, pendant mes vacances à New-Bedford, j’ai fait connaissance d’un jeune homme charmant ; je l’ai aimé d’abord ; lui aussi, il m’a aimée et m’aime encore davantage ; il m’a fait visiter presque toutes les grandes villes des États-Unis de l’Est ; je suis allé en automobile, très souvent avec lui, accompagnée de ma bonne tante.

J’ai été heureuse de voir, de connaître et d’apprendre ; plus d’une fois, vous le devinez j’ai ouvert les yeux, de surprise et d’étonnement ; ce jeune homme appartient à une belle et brave famille de New-York, très riche et vit seul avec sa mère.

Je comprends très bien que si je l’épouse, mon avenir est tout fait ; j’ai l’estime de sa famille ; et je crois avoir son amour ; mais moi, je ne ressens pour lui que de la reconnaissance, car je ne l’aime plus ; il est orgueilleux et ne souffre pas de con-