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amour vainqueur

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sorte, engager son cœur dans la voie d’une amitié qu’elle savait tôt ou tard être obligée de briser ; et alors elle se rappelait que M. Mitchell, pour elle, dans l’espoir de conquérir son amour, avait discontinué ses visites chez sa cousine Miss Baker, qui en avait éprouvé un cruel chagrin et qui avait conçu contre Ninie, une haine terrible, sans la bien connaître, autrement que pour sa rivale. Déclarer à M. Mitchell qu’elle ne l’aimait pas d’amour, c’était pour Ninie, s’exposer à des reproches et à de la vengeance !

Si M. Mitchell était bon, s’il l’aimait, il serait devenu haineux et l’aurait détestée ; car les amis qu’il lui avaient présentés un jour, l’avaient dépeint, peut-être par jalousie, terrible dans ses reproches, s’il se croyait dupe de quelque manque de franchise et de loyauté ; plus d’une fois, Ninie avait conversé avec la mère de Harry ; elle l’aimait beaucoup cette jeune fille et aurait désiré la garder avec elle, tant elle la trouvait bonne et madame Mitchell avait paru confirmer l’appréciation des qualités comme des défauts de son fils ! ce qui était de nature à plonger Ninie dans la plus noire anxiété ; son cœur était en proie, à la plus vive douleur ; elle l’aurait aimé pour un amant, s’il n’eut pas été si arrogant et si autoritaire ; car elle admirait chez lui, la propreté, la droiture, la franchise ! elle aimait aussi la loyauté et la distinction de sa vénérable mère qui lui manifestait tant d’égards et de considération !

Son imagination lui faisait entrevoir, d’un côté si elle consentait à l’épouser, la richesse, la vie large menée dans la ville de New York, qu’elle aurait aimée passionnément ; elle savait que toute la famille de M. Mitchell qu’elle avait rencontré plus d’une fois, chez la mère, l’appréciait beaucoup ; Ninie savait que toute la famille de M. Mitchell qu’elle avait rencontrée plus d’une fois, chez la mère, l’appréciait beaucoup ; Ninie savait que par ses connaissances et son instruction, et par sa facilité à parler anglais, elle n’aurait pas de difficultés à paraître au premier rang de la société de cette grande ville.

Partout où elle avait été, partout où M. Mitchell l’avait conduite, soit dans les bals, soit dans les réunions de sa famille, soit dans les soirées intimes de ses amis, Ninie était apparue na-