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préface
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Je me rappelais alors, toutes tes paroles, toutes tes marques d’intérêt et de sympathie pour mon avenir ; j’avais présentes, à l’esprit, ces déclarations que tu me faisais, par un soir d’automne, et que je pourrais résumer par ces pensées de la Comtesse Mathieu de Noailles :


Il fera longtemps clair, ce soir, les jours allongent,
La rumeur du jour vif se disperse et s’enfuit,
Et les arbres surpris de ne pas voir la nuit,
Demeurent éveillés dans le ciel blanc, et songent…

Les maronniers, sur l’air plein d’or et de lourdeur,
Répandent leurs parfums et semblent les étendre,
On n’ose pas marcher ni remuer l’air tendre,
De peur de déranger le sommeil des odeurs.

De lointains roulements arrivent de la ville…
La poussière qu’un peu de brise soulevait,
Quittant l’arbre mouvant et las qu’elle revêt,
Redescend doucement sur les chemins tranquilles.

Nous avons, tous les jours, l’habitude de voir,
Cette route si simple et si souvent suivie,
Eh pourtant, quelque chose est changé dans la vie :
Nous n’aurons plus jamais, notre âme de ce soir.


L’amour que je t’ai porté et que je te portais a été vainqueur ! Mes démarches n’ont pas été vaines ! Es-tu content ? Es-tu satisfait, ami ? Les consolations que ma main ont pu t’apporter, m’ont aussi réjoui le cœur, et m’ont fait voir combien tu étais digne d’estime d’amour et d’affection, par la gratitude avec laquelle tu as daigné les accepter.

Mon âme blessée dans ses sentiments, les plus sympathiques, par l’isolement dans lequel tu t’es trouvé, s’est toute envolée vers toi, pour t’apporter un léger baume, aux blessures de ton cœur, et te rendre la gaieté, qui te caractérisait, lorsque, assis, en ton « Home », tu te plaisais à écouter les faibles échos des notes musicales que je rendais…